Dans l’univers du vin, on retrouve presque tout et son contraire: du vinier de 4 litres au grand format de champagne millésimé, en passant par la bouteille à 9$ et le grand cru à 6 000$. On comprend aussi que la rareté et le prestige du produit influenceront son prix. Les collectionneurs “d’étiquettes” vont accorder plus d’importance aux vins connus et considérés comme valeur refuge.
Pour déterminer le coût pour produire du vin, l’opération est plutôt complexe. La production de raisin est un des facteurs, mais il n’est pas le seul. Si on commence par le bouchon, s’il est dévissable, synthétique, Diam ou en liège, les prix vont varier entre 0,15$ et 3$. Toujours selon le volume commandé pour les étiquettes, leur impression et les caisses des cartons, la dépense avoisine le 0,40$/btl. Et pour la bouteille, il faut payer entre 0,30$ et 1,50$, selon la qualité et le modèle.
Et le raisin dans tout ça?
Puisque le rendement (nombre d’hectolitres par hectare) varie d’un vignoble à l’autre et que les coûts de vendanges vont varier selon le type de production et la morphologie du terrain, pas simple de s’y retrouver et encore plus de généraliser. Prenons un producteur de la région du Rhône en France, dont le coût de production est 8000$ par hectare pour un rendement de 40 hl/ha. Ne sortez pas vos calculatrices, je m’occupe de tout. Ça nous donne un coût de 2$/bouteille. Pour avoir discuté avec Yannick Rousseau qui produit vin un rouge de l’appellation Mount Veeder en Californie et qui achète son raisin, ça lui coûte 13$ par bouteille, que pour les fruits. La bouteille se vend un peu en haut de 100$.
C’est joli une barrique, mais ça se paye! Selon le style de vin, on peut s’en servir jusqu’à 3 fois. Pour un fût bordelais de 225 litres, il faut payer environ 650$ pour un modèle américain et entre 950$ et 1450$ pour une barrique française. Ça nous donne en résumé un coût d’environ 1$ par bouteille, si on amortit le tout sur 3 ans. Et pour les grands châteaux, c’est tout le temps des fûts neufs qui sont utilisés…
Il faut aussi ajouter les taxes locales et celle du pays importateur, les frais de transport, les frais des associations viticoles régionales, les frais de commercialisation et de vente, sans oublier le vin qui s’évapore des barriques (environ 2%).
Tous ces chiffres nous confirment la complexité du calcul du prix de vente d’une bouteille, que d’un point de vue comptable. Au final, si une bouteille abordable vous comble, c’est parfait. Mais quand vous êtes émus en goûtant un nectar plus dispendieux, vous comprenez la pertinence de viser la qualité ultime, quitte à en déboucher moins souvent!